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PIERRE WITTMANN

PIERRE WITTMANN

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Pierre Wittmann : écritures

Pierre : l'écrivain

J'ai toujours aimé les livres, je me sens bien en leur compagnie. Était-ce inscrit dans mes gènes ? Mon grand-père paternel était imprimeur, et mon père écrivain – homme de lettre, comme il aimait se qualifier. Il a aussi été journaliste, correcteur, traducteur et metteur en scène de théâtre. 

Les livres, j'aime non seulement les lire, mais j’aime les regarder, les toucher, les feuilleter, les acheter, les écrire, les illustrer, les traduire, les créer, les composer, les imprimer, les offrir… Ce que j'aime moins, c'est les distribuer et les vendre, l'aspect commercial n'est pas mon fort.

J’avais des milliers de livres, une partie en France, l'autre en Thaïlande. Pendant longtemps, j’en achetais plus que j’en lisais, ils s’accumulaient et me suivaient dans mes voyages. Depuis l’an 2000, toutefois, j’ai beaucoup réduit les achats, puis, en 2018, j’ai commencé la dissolution : j’ai donné la moitié des livres que j’avais à Chiang Mai à l’École française d’Extrême-Orient. Et en 2019, je me suis séparé de tous ceux que j’avais en France. Je les ai donnés, à mes amis, à un centre bouddhiste, à des bibliothèques de villages et à celle d’un lycée, à des commerçants qui les offrent à leurs clients… 

Je lis moins (je regarde des vidéos), mais je continue à écrire…


À l'école, j'écris toujours avec plaisir compositions et dissertations. Mon premier gros travail d'écriture est la rédaction de ma thèse d'architecture. C'est juste après mai 1968, et il est de bon ton, à ce moment là, d'écrire l'architecture autant que de la dessiner. Mon partenaire de diplôme, plus versé que moi sur le dessin, trace les plans, et j'écris et compose les textes. C'est l'occasion d'apprendre à taper à la machine, une aptitude qui me sera très utile par la suite. 

Je reçois mon diplôme pendant la première crise économique de l'après-guerre. Les projets de construction sont suspendus et les architectes sont au chômage. Alors, un peu par hasard, je me lance dans les arts graphiques. Je crée, avec un ami peintre, une société de composition et de traitement de textes pour l'imprimerie offset. Cette nouvelle technologie, qui utilise les premiers ordinateurs, va remplacer la composition en plomb. Elle n'en est qu'à ses débuts, mais a rapidement beaucoup de succès. Pour compléter le service de composition – à cette époque l'ordinateur ne produit que des textes bruts – nous créons un département de graphisme et de création publicitaire, puis, au fil des années, une maison d'édition et une imprimerie. 

Pendant cinq ans je me familiarise avec tous les aspects des arts graphiques, mais me rends compte que le rôle de chef d'entreprise n'est pas ma vocation. Je vends mes parts de l'entreprise et m'installe à la campagne (à Musiège, en Haute-Savoie) pour me consacrer à la peinture et renouer avec l'architecture. Pendant les années qui suivent, ma passion des livres s'oriente vers les livres d'art et d'architecture. Et je retrouve du temps pour le plaisir de la lecture. 

Pendant mon séjour en Arizona, de 1982 à 1984, je crée mon premier livre, Rocks, avec ma compagne de l'époque, qui est poète. Elle écrit les textes et je peins une série de tableaux sur les rochers, les canyons et les formations géologiques d'Arizona. Mais nous nous séparons avant d'avoir réussi à publier notre livre. En Arizona, je commence à lire en anglais, un bon moyen de me perfectionner dans cette langue, ce qui me sera aussi très utile par la suite. 

Arrivé à Tahiti en 1984, je décide d'apprendre le chinois. C'est l'écriture chinoise qui m'attire, et qui me conduit à Séoul, puis à Taipei, pour étudier la calligraphie chinoise. À Tahiti, je découvre la spiritualité, et en particulier le bouddhisme, une source inépuisable de nouvelles lectures. J'achète et dévore des centaines d'ouvrages sur ces nouveaux sujets. Je commence à la même époque à écrire un journal, mon fidèle confident depuis plus de trente-cinq ans. Extérieurement je suis toujours un peintre, mais intérieurement les livres et l'écriture prennent leur place. 

En 1988, je m'installe en Thaïlande, séjourne dans des monastères bouddhistes, rencontre de nouveaux amis spirituels, dont plusieurs moines. Tan Santikaro, le traducteur d'Ajahn Buddhadasa, un maître de la tradition théravada de la forêt, me propose d'illustrer les couvertures des livres du maître avec mes nouvelles peintures sur des thèmes bouddhistes. Puis je rencontre, dans un groupe spirituel de Bangkok, Erika Dias, une poète du Sri Lanka. Nous créons une maison d'édition, Wisdom Gift, et publions ensemble deux recueils de poèmes illustrés de mes tableaux, dont un sera traduit en français et publié par un éditeur français, les éditions Dharma. 

À cette époque, je constate le manque de traductions du bouddhisme en français, et me passionne pour cette tâche. Je traduis un livre d’Ayya Khema, Être une île (publié en France par les Éditions Dharma),et plusieurs ouvrages sur le bouddhisme tibétain, commandés par de vénérables lamas (jamais publiés à ma connaissance). Je découvre à cette époque le fonctionnement du marché du livre, les intérêts commerciaux du monde de l’édition et le contrôle de la distribution des livres par les grosses compagnies. Je comprends qu’il ne suffit pas d’écrire ou de traduire des livres pour qu’ils soient publiés ; et que s’ils sont publiés, ils ne ressemblent souvent plus beaucoup aux manuscrits remis à l’éditeur.

Jusque-là, j'ai participé à de nombreux projets de livres, publiés ou non, mais je n'ai toujours pas écrit ni publié mon premier livre. Cette idée fait son chemin et en 2002 paraît Le guide du bonheur pour le troisième millénaire, écrit, publié et imprimé en Thaïlande. L'année suivante, je le traduis et le publie en anglais. Les deux livres se vendent bien en Thaïlande. Mais les difficultés pour les distribuer et les vendre en Occident, et en particulier en France, me découragent un peu dans mon nouveau rôle d'auteur et d'éditeur. Je trouve toutefois un distributeur en France qui le diffusera pendant quelques années, et j’entreprends une tournée de conférences sur le bonheur qui me permet d’écouler une partie de mon stock. À la suite de ces difficultés commerciales, les autres projets de livres entrepris sur la lancée se retrouvent dans un tiroir.

Mais le démon de l'écriture m'habite toujours et ne se satisfait pas de cette mise au rancart. En 2006, je mets sur papier les premières idées d’un roman et je commence la saisie des 75 cahiers manuscrits de mon Journal.

Dans les années qui suivent, je reprends et corrige les cahiers du Journal de l'année 1988, celle où je quitte Tahiti pour venir m'installer en Thaïlande. Un tirage limité et confidentiel est publié au printemps 2008. Le jardin de la libération, une nouvelle version revue et corrigée de ce texte paraît sous forme de livre en mars 2010. En automne 2008, je reprends et termine la correction d'un épisode du Journal de 1990. Il relate un voyage intérieur de 28 jours qui débute par une retraite de méditation en Australie. Un nouveau livre, Le parfum de l'éveil, voit le jour en avril 2009.

En 2009, je publie aussi Peinture Peintures, un livre illustré sur ma peinture, et en 2011, un recueil de poèmes d’inspiration spirituelle, Le silence des couleurs, 108 cris du cœur. N’ayant pas oublié l’expérience du Guide du bonheur, je n’ai publié que de petits tirages de ces livres, en impression numérique, à l’intention de mes amis et de mes proches.

À la fin de 2011, je décide de terminer Marlène ou le jeu de la vie, le roman commencé quelques années plus tôt, mais une tendinite à l’épaule m’oblige à abandonner mon projet. Je le reprends en octobre 2012, cette fois sans obstacles et sans me décourager, et le termine en mars 2013. Entre temps, j’ai également terminé la saisie de mon Journal.

Je commence en 2013 la correction du Journal afin de pouvoir le déposer à l’APA (l’Association pour l’autobiographie) et je dépose le premier épisode, celui de mon arrivée à Tahiti en 1984. La correction du Journal devient ma principale activité jusqu’en 2016, année où je dépose à l’APA les derniers des 22 épisodes, de 1984 à 2013, ainsi qu’un Catalogue des peintures et un fascicule de Repères biographiques. En 2018, je dépose aussi les 75 cahiers manuscrits originaux du Journal.

En 2013, après avoir terminé le roman Marlène, je commence à écrire de courts textes de Réflexions, d'Émerveillements, de Regards, sur ma vie, et sur la vie. Ces textes deviennent une nouvelle forme du Journal (qui continue toutefois à un rythme moins régulier) et remplacent ce que j’appelais les Notes de Dharma. En 2016, je commence un blog, où je publie toutes les semaines un texte illustré d’un tableau. Ces textes sont soit ces nouvelles Réflexions, soit de courts extrait du Journal que j’appelle l’Essence du Journal. En 2018 et 2019, je publie les deux premiers recueils de ces textes, Regarder la vie 1 et 2, qui comportent chacun 49 regards sur ma vie. Une série qui va continuer, puisqu’il y a déjà plus de 500 de ces textes.

J'adore toujours écrire – ce ne sont pas les idées qui manquent – et j'aspire, rêve peut-être utopique, à tisser des liens, directs et magiques, entre mes écrits (sous une forme de plus en plus virtuelle) et leurs lecteurs potentiels…

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